Deuxième sujet ou pur caprice?

Cela faisait une semaine. J'avais fait disparaître les vêtements et tout ce qui restait nettoyant la salle moi-même. Pourquoi attendre quelqu'un. On n'est jamais mieux servi que par soi-même ! Je prétextais qu'elle était déjà partie quand on me demandait. A mon seizième anniversaire, je fus autorisé à sortir de ce maudit labo qui sentait le formol et les produits chimiques. Une odeur à laquelle je m’étais accommodée et commencé à apprécier même. J'allais enfin sortir au grand air. Dehors… Cette perspective me ravissait. Pour l’évènement, en prime, on m'avait offert des vêtements et une nouvelle panoplie portable de recherche. Je jubilais tout simplement.

Pour ma première sortie, j'avais comme nouveaux vêtements, pour me changer de mes habits de savant - surtout de ma blouse -  un T-shirt bleu nuit sans motifs et un jean noir plus des baskets aux pieds. Au dessus du t-shirt, j'avais un blouson assorti au jean. Je passais la main dans mes cheveux et me regardais mon reflet pendant de longues minutes. J'avais du mal à me reconnaître. Je sursautais en entendant mon téléphone sonner? Je n'aurais pas dû choisir ce braillement atroce comme sonnerie pour mes appels. Je décrochais et eut le directeur au téléphone. J'étais invité à dîner dans un restaurant pour mon anniversaire. Quelle douce intention me dis-je ironiquement. Je sortis donc en hâte une cigarette à la bouche. Oui la cigarette était le seul plaisir qui m'était accordé outre les divers sujets animaux à étudier.

Une voiture m'attendait en face du bâtiment. Je dus traverser des labyrinthes de couloir pour enfin pouvoir atteindre la sortie. Je me tournais pour contempler ma prison une fois dehors. C'était un énorme bâtiment de béton de couleur crème. On pouvait apercevoir de grandes fenêtres en verre et diverses végétations plantées autour. Je soupçonnais la présence de plusieurs dizaines de pièces et de laboratoires, mais je me demandais si il y avait d’autres personnes comme moi dedans. Sans doute… A y regarder la bâtisse, on ne dirait jamais que j'étais prisonnier dedans. Les apparences sont bien trompeuses Je pivotais et m'engouffrais dans la voiture ne voulant pas me prendre la tête pour cette soirée.

J'étais juste exalté par l'idée de sortir et non celle de côtoyer d'autres personnes. On m’emmena alors dans un restaurant du centre ville. A bien y regarder, l'endroit était plutôt de classe moyenne, pas un de ces hôtels de haut standing. En effet, j'avais beau avoir passé une bonne partie de ma vie dans cette prison, j'avais la télévision et connaissais un minimum sur ce que la qualité était. Il y avait pas mal de tables et des chaises avec du velours sur le dossier, des décorations diverses sur la table mais les murs étaient mal repeints, le plafond était de couleur gris avec quelques toiles d’araignées sur le lustre et quelques coins de l’endroit. J’attendais à la porte observant la foule les mains dans le dos. Le directeur arriva au bout de 5 minutes avec un autre chercheur il me semble. L'homme se disait s'appeler Derreck. Il était plus dans la biologie moléculaire. Blond, yeux verts, peau claire, très grand mais fin comme un fil. Il avait de très beaux yeux... avec des paillettes dorées dans le vert pétillant de ses pupilles. Je les voulais. Je ne savais pas pourquoi… Je clignais des yeux en entendant la voix du directeur.

- Bonjour Hoshiko! Joyeux anniversaire mon garçon!

- Bonjour et merci, monsieur le Directeur!

- Je tiens à vous présenter Derreck Owen. Il travaille dans la section d'étude moléculaire!

Il me tendit la main et je la saisis par pure politesse fixant ses yeux comme hypnotisé puis me reprit me sentant ridicule.

- Enchanté, le directeur m'a beaucoup parlé de toi, Hoshiko! Tu dois être sacrément doué.

Je ne répondis pas trouvant le mec niais et me contentais de sourire  tout en hochant la tête. Nous nous installâmes à une table réservée. On nous tendit les menus et le serveur s’éloigna. Ils commençaient alors à discuter sur des recherches pour des remèdes contre le cancer et d'autres histoires sur leurs vies en prime. Je n’avais rien trouvé de plus ennuyeux. Enfin, je m’étais désintéressé des gens depuis un moment du coup, leur discussion, je m’en fichais complètement.
Je les écoutais néanmoins babiller, sans interrompre, répondant poliment à chaque question. Au bout d'une bonne heure, je commençais à m'ennuyer et tapotais sur la table. Les commandes arrivèrent assez vite et nous commencions à manger. Cette nourriture me changeait un peu de celle du labo. Ça avait nettement plus de goût ! Je remarquais que  le mec m'observait de temps en temps. Je me demandais ce qu'il avait en tête. Le directeur, après le plat de résistance, prit congé.

- Je dois y aller, ma femme n'arrête pas de m'appeler comme sa mère est venu à la maison.


L'excuse me dis-je pour moi. C'était tout simplement pathétique!

- Je laisse à Derreck le soin de te ramener.

- Ne vous inquiétez pas, monsieur, je ramènerais cendrillon avant que son carrosse ne se transforme en citrouille.


Je tiquais à la comparaison et me retiens de ne pas le frapper. Cendrillon? Quelle blague, tu souriras moins  une fois sur ma table d'opération espèce de crétin! Je serrais les dents et le fixais froidement ce qui semblait le gêner un peu en entendant son rire nerveux. Je me contentais de hocher la tête et regardait le directeur s'éloigner. On se retrouvait en tête à tête. Je soupirais et regardais attentivement ses faits et gestes et me demandais surtout comment maîtriser une si grande cible. Il était tout de même grand. Il me regardait bizarrement par la suite alors que je réfléchissais ce qui me mit mal à l'aise. Une fois le repas terminé, il on retourna dans la voiture. Je frissonnais quand il effleura ma main, c'était juste... répugnant me dis-je. Je m'installais donc au bout de la banquette et regardais dehors me mettant à rêvasser un peu mais surtout à réfléchir sur le comment procéder. Je souris en trouvant une idée et me raidis en le sentant si proche d'un coup. Je ne l'avais pas vu venir. Je fronçais les sourcils et détournais les yeux alors qu'il commençais à me tripoter.

- Tu es bien plutôt mignon et très jeune... et tu es un des chercheurs du labo... Tu sembles si jeune...

Je répondis le plus froidement possible fermant les yeux pour recouvrer mon calme et le repoussais vigoureusement.

-Oui, je suis chercheur -même si je me sentais plus comme un sujet d'étude.-

Il m'avait alors attrapé le bras et je laissais échapper un cri, détestant être touché et encore moins aussi violemment. Je baissais les yeux et regardais en direction du chauffeur qui arrêta la voiture. Je me dis donc qu'on devait être arrivé. Je fus soulagé de voir que oui. Je le regardais et soupirais et le regardais.

-Me voilà arrivé... Si vous vouliez bien me lâcher...

Il s'exécuta et sortit avant moi me jetant un regard amusé. Je roulais des yeux et sortis à mon tour m'allumant une cigarette.

- Tu fumes?

- Cela a l'air de vous surprendre. Suis-je aussi trop jeune pour ça.

- Pas du tout. Mais ce n'est pas très sain de fumer...

- Vous voulez entrer?

Ma question semblait l'étonner et il sourit puis hocha la tête. Je finis ma clope et entrais. Il me suivit cependant et j'ouvris la porte du labo, ma chambre se trouvant à l'étage supérieur. Je me tournais légèrement pour le regarder. Il tourna sur lui-même et regarda mon matériel en se plaignant un peu que le sien n'était pas si sophistiqué, je fus tenté de lui répondre qu'on ne jouait pas dans la même catégorie mais m'abstint.

-Vous voulez boire quelque chose?

-Qu'est-ce que tu as à me proposer?

-De l'eau ou de l'acide...

Ma blague semblait l'amuser vu comment il riait. Il opta pour de l'eau, je revins et lui tendis le verre me cherchant un autre pour moi aussi puis je m'assis sur ma chaise et le regardais. Il avait tout bu d'une traite sans poser de question. Mais quel genre de scientifique ou de chercheur était-ce? Il se leva et s'approcha de moi titubant un peu et s'écroula rapidement sur le sol n'ayant pas eu le temps de se demander ce qui lui arrivait. Je me mis à rire et le regardais étendu sur le sol un sourire aux lèvres. Je me levais et le traînais sur le sol pour l'emmener dans le labo.

Je me demandais, si ils allaient se poser des questions encore. Les caméras n'étaient plantés qu'à certains endroits j'avais remarqué quand je sortis plus tôt. En fait, ce bâtiment avait beau renfermer pas mal de choses mais la surveillance n'était pas son fort. Et j'étais à présent sûr qu'on ne se douterais de rien. J'allais voir le chauffeur pour lui dire que Derreck allait passer la nuit ici finalement. Ce dernier semblait ravi de ne plus avoir de courses ce soir et il partit alors.

Je revins au labo et avait sorti plusieurs matériels: scalpel, pinces, bocal, aiguille, gants, hache. Tout étais bien aiguisé. Je lui injectais une bonne dose d'anesthésie pour le rendre inconscient même si je préférais le voir se débattre et s'agiter. Mais pour récupérer ses yeux, il devait impérativement rester immobile, sinon je risquais d'exploser les globes oculaires. Je pris une profonde inspiration. Ce type je n'en voulais juste qu'à ses yeux, et à rien d'autre. Et ça me ferait une bonne pratique,et voir à quel point j'étais précis dans mes gestes.

Je lui ouvris l’œil droit et observais un moment avant de plonger la pince dedans et de tirer dessus lentement faisant bien attention de ne pas serrer trop fort, le globe sortit et opposait une légère résistance, le nerf maintenait encore l’œil au cerveau. Un léger mouvement du patient se fit voir mais il ne se réveilla pas. Du sang se mit à gicler un peu puis coulait du trou d'où venait le globe que j'avais retiré. Je mis le précieux dans un bocal rempli à moitié de formol. Je le regardais attentivement avant de retourner prendre l'autre œil effectuant les mêmes gestes mais il eut un mouvement qui me fit serrer un peu et fit éclater l’œil gauche.

-Merde!

Je ne pus m'empêche de gueuler et de crier devant ce gâchis. Je le frappais même! L’anesthésie n'était-elle pas assez puissante? Je grimaçais. Puis je décidais de nettoyer le contour des yeux et prit ma nouvelle panoplie. Posant des lunettes à ses yeux, je le libérais et le traînais dehors, hors du bâtiment. Le garde avait quitté son poste, mais quelle compétence! Fort heureusement, personne ne me voyait et je ne serais accusé de rien. Je l'emmenais, sur mon dos, les jambes traînant sur le sol dans une ruelle à quelques mètres de ma prison. Je ferais en sorte que personne ne remarque et on était en pleine nuit donc les rues étaient désertes dans le coin. Je ma passais les mains dans les cheveux et le jetais au sol, il commençait à s'agiter et à crier. Il devait avoir mal à présent mais il ne pouvait encore jouir de ses mouvements. Je ricanais un peu en le voyant se tordre de douleur sur le sol puis sa voix commençait à m'appeler et me jeter des insultes, ce qui ne m'atteignait pas le moins du monde. Je m'accroupis et d'un geste lui plantais mon scalpel dans la jugulaire. Un cri déchirant lui échappa et du sang se mit à couler et gicler aspergeant mon visage. Il s'agitait encore et en un soubresaut s'immobilisa. Je passais mon doigt sur le sang qui avait sali mon visage et le mit dans ma bouche avant de sourire et de jeter un regard aux alentours. La peur de me faire surprendre m'envahit mais l'excitation de le vider et de faire disparaître toute preuve également s'empara de moi. Le second sentiment étant le plus puissant. Mon cœur battait à tout rompre alors que je frappais d'un coup de hache. Une étrange chaleur remplit mon corps et mon sourire s'élargit au fur et à mesure que les coups tombaient sur le bout de chair sous mes doigts. Le sang salit la ruelle, se projetant sur les murs et sur mon corps, fort heureusement, j'avais pensé à apporter des vêtements de rechange que j'avais mis à un endroit hors de portée. La place où je me trouvais avait également l'avantage d'être un quartier inhabité, sinon, mon rire hystérique aurait alarmé plus d'un. Les os craquaient et la chair cédait comme du beurre sous la hache aiguisée avec soin, des coupures nettes mais vu comme je m'acharnait, la beauté et la précision des outils n'arrangeait pas le carnage. Des fourmillements parcoururent mon corps et je m'arrêtais finalement en regardant le massacre. Je me passais la langue sur mes lèvres et penchais la tête sur le côté avant de faire un peu la moue. Rien à voir avec moi me dis-je au final, rien de méthodique juste de la barbarie. Sans doute était-ce parce qu'il m'a énervé plus que les autres en me touchant ainsi et en ayant des pensées aussi tordues en vers ma personne... Je ne le saurais jamais.

Le jour commençait à se lever comme le ciel s'éclaircissait. Je me levais et m'allumais une cigarette regardant le sol, le sang souillant mes baskets. Je laissais échapper la fumée de mes lèvres. Personne ne le reconnaîtrais dans cet état. J'allais vers mon sac et jetais un produit sur le corps pour éviter qu'on puisse le reconnaître avec une recherche ADN. J'ai pu mettre en place ce produit grâce à mes recherches plus tôt. Et puis personne ne vient ici. Pour les éclaboussures sur les murs, je les essuyais avec mes vêtements. Ils ne trouveront rien de toute façon. Je me déshabillais et m'essuyais la figure. puis jetais les vêtements dans une poubelle, versais un liquide inflammable dessus sans oublier mes chaussures et jetais ma cigarette dedans. Ça s'enflamma immédiatement et je tournais les talons après avoir déposé un couvercle sur la poubelle une fois que ça ait cramé. Avec nonchalance, je retournais en direction du bâtiment de recherche. Une bonne nuit de sommeil serait parfait. Tuer n'es pas de tout repos on dirait...